La Sibérie

– Située au bord de la rivière Toura, Tioumen fut la première ville russe de Sibérie, construite en 1589 par Fedor I de Russie sur l’ancienne ville des Tatars de Sibérie, Chimgui-Toura. Tioumen a toujours détenu un rôle clé pour la Sibérie occidentale : carrefour commercial dont partaient les navires pour l’Asie, premier lieu de concentration et de départ des troupes, colons ou déportés de Russie. Aujourd’hui, Tioumen est l’un des centres majeurs de l’industrie pétrolière russe.

– Selon la légende, le bania aurait vu le jour en 1071 lorsqu’une sorcière aurait donne l’âme aux hommes après un bain de vapeur.

– Le bania ou banya (en russe : баня) désigne les bains publics en tant que lieu ainsi que la tradition des bains qui s’y rattache en Russie. A l’époque ou la salle de bain n’existait pas, les Russes avaient l’habitude de se laver aux bains publics. Cependant, de nos jours, de nombreuses maisons particulières ont leur propre bania. Elle est la plus parfaite expression de la culture russe et reste très prisée des Russes.

– Grigori Efimovitch Raspoutine, par la suite Raspoutine-Novyi (russe : Григорий Ефимович Распутин-Новый), est probablement né en 1869 dans le village de Pokrovskoie (Покровское) et est mort assassiné dans la nuit du 16 au 17 décembre 1916 du calendrier julien alors en vigueur en Russie (29 au 30 décembre du calendrier grégoriend actuel).

– Originaire des confins de la Sibérie, c’est un mystique errant, peut-être un staretz, titre donné a des mystiques, laïcs ou religieux qu’on venait consulter. Cependant, aucun texte ne vient étayer ou infirmer le fait qu’il aurait été réellement moine, chose qu’il affirmait lui-même. En l’état, l’hypothèse la plus généralement retenue est qu’il fut surtout un aventurier doué, doté d’une aura très particulière.

– Il était de stature moyenne, mais avec une carrure imposante, de nature sale et grossière, mais dégageait un magnétisme envoutant et étrange. Il portait des cheveux et une barbe longs et hirsutes, mais possédait avec ses yeux bleus clairs, très perçants, un curieux regard hypnotique qui semblait avoir le pouvoir de transpercer l’âme de ses interlocuteurs.

Abalak

– Le monastère d’Abalak se trouve près du village d’Abalak, sur la rive droite du fleuve Iktich, à vingt- cinq verstes de Tobolsk. Il attire de toute la Sibérie une multitude de pélerins, qui vient vénérer avec grande piété l’icône miraculeuse de la Toute- Sainte Mère de Dieu du «Signe». Cette icône fut peinte en 1637 par l’archidiacre de la cathédrale de Tobolsk, Matthias, et voici comment …
Au milieu du dix-septième siècle, une pieuse veuve dénommée Marie vivait près du cimetière d’Abalak. Le dix juillet 1636, elle eut un songe dans sa cabane. Elle vit devant elle une icône de la Mère de Dieu du «Signe», avec saint Nicolas le Thaumaturge et sainte Marie l’Egyptienne sur les cotes. De l’icône sortit une voix : «Marie ! Annonce ta vision a tout le peuple, et demande que soit édifiée au cimetière d’Abalak, à droite de l’église vétuste de la Transfiguration, une nouvelle église dédiée au «Signe» de la Toute-Sainte Mère de Dieu, comme à Novgorod l’Ancien. Qu’y soient consacrés deux autels secondaires de part et d’autre de l’autel principal : d’un côte pour saint Nicolas, de l’autre pour sainte Marie l’Egyptienne !»

– A son réveil, par crainte des moqueries, Marie n’osa pas raconter sa vision. Mais peu après, elle eut une autre vision. L’icône qu’elle avait vu en songe lui apparut alors qu’elle quittait sa cabane, un pain à la main. Une lumière extraordinaire entoura la pauvre Marie et une nuée claire la couvrit, de sorte qu’elle perdit connaissance sous l’effet de la peur. En revenant a elle, elle vit deux icônes : l’une d’elles était l’icône du «Signe» de la Mère de Dieu, et l’autre celle de sainte Marie l’Egyptienne. Le saint hiérarque Nicolas se tenait debout devant elle, revêtu de ses habits épiscopaux. Il dit a la veuve : «Marie ! Va dire aux habitants d’Abalak qu’ils construisent l’église ! Qu’ils abattent le bois de leurs propres mains, et qu’ils le transportent eux-mêmes sur la colline ! S’ils n’obéissent pas, ils verront la colère de Dieu ! Non seulement le prêtre mourra, mais également les meilleurs des paroissiens !»
Cependant, même après une telle rencontre, Marie n’osa pas rapporter la révélation. Quelques jours plus tard, elle eut une autre vision. Comme elle était assise dans sa cabane a travailler de ses mains, elle sentit soudain l’odeur d’un parfum, à la suite de quoi elle entendit la voix de saint Nicolas : «Pourquoi n’annonces-tu pas la vision et l’ordre que tu as reçue ? Par ton incroyance, tu attires sur toi-même la colère de Dieu !» Ces paroles furent à peine prononcées que de violentes crampes tordirent vers l’arrière les bras de Marie. Sous cette terrible douleur, elle tomba à terre. Mais aussitôt se fit entendre la voix de la Mère de Dieu : «C’est pénible ! J’ai pitié d’elle». Les douleurs disparurent sur-le-champ et la vision prit fin. Effrayée, la veuve courut chez son père spirituel pour lui raconter l’affaire et le pria de communiquer tout cela au peuple. Mais le prêtre aussi tarda a accomplir le commandement céleste.
Marie eut alors une quatrième vision si terrible, qu’elle n’osa plus tarder a obéir a l’ordre de Dieu : le 24 juillet, comme elle se rendait à Tobolsk, elle se retrouva dans une sorte de brouillard au pied de la montagne située non loin de la ville. Devant elle, une colonne de nuée s’étendait de la terre jusqu’au ciel. Dans cette nuée, elle vit les deux icônes du «Signe» et de «sainte Marie l’Egyptienne». Au pied de la colonne, sur la terre, saint Nicolas se tenait en colère : «Pourquoi tardes- tu a annoncer au peuple les visions et les ordres ? Si tu tardes encore, tout ton corps sera paralysé, et si ton message n’est pas écoute, alors ce n’est pas toi mais eux qui souffriront !»
Ramenée à la raison par cette vision, la veuve se dirigea chez l’archevêque Nectaire et lui raconta ses visions devant toute l’assemblée. Après quoi , elle informa tout le peuple. On lui montra alors l’icône de la Mère de Dieu du «Signe» qu’elle ne connaissait pas auparavant, et elle reconnut tout de suite l’icône qui lui était apparue quatre fois. Le peuple de Tobolsk crut au récit de Marie et son éminence l’archevêque donna sa bénédiction aux paroissiens d’Alabak pour la construction d’une église dédiée à la Mère de Dieu. De nombreux habitants pieux du village consentirent à participer à cette oeuvre agréable à Dieu.

– Crée pour la détente, le centre touristique d’Abalak est bâti tout en bois, même la route est faite de rondins de bois ! Il est vrai qu’en Sibérie, il ne manque pas de forêts… Et voilà tout le génie des bucherons, des menuisiers et des sculpteurs réunis en ce lieu ! Le thème des sculptures est fait dans la pure tradition russe et folklorique. Les ours et animaux mythiques y sont représentés. Nous montons dans la maison de la Baba-yaga (la sorcière) qui est montée sur des troncs et tourne sur elle même, son toit est soutenu par des arbres ou on voit encore les racines et… mais oui, surprise, nous voilà piégés dans la maison qui se met a tourner sur elle même. Il faut attendre la fin du tour pour pouvoir sortir ! La vue sur la rivière est superbe. Le restaurant est d’un « kitch » extraordinaire, on se croirait dans un livre de conte pour enfants. Tout est sculpté : tables chaises, même la petite chaise d’enfant est un chef d’oeuvre en rondins de bois. Un hôtel est installé dans ce centre toujours dans une création de bois et tradition. Mais allez voir les photos, vous verrez, c’est un régal !!!

– Le kremlin de Tobolsk est l’unique forteresse de pierre de Sibérie. C’est ici que pendant un certain temps, sur un clocher construit spécialement à cet effet, était suspendue une cloche dite «exilée». C’est sur celle-ci que les citadins d’Ouglitch sonnèrent le tocsin après l’assassinat du tsarévitch Dmitri, le véritable fils d’Ivan le Terrible. Sur ordre du prince Chouiski, la cloche s’était vue, comme pour un homme, arracher l’oreille et la langue avant d’être exilée en Sibérie.

– Le kremlin de Tobolsk est également célèbre pour une autre raison. Sa photographie a été vendue au cours d’une vente aux enchères sur une foire de Noël l’année dernière pour une somme record : 1,7 millions de dollars. Le secret de ce prix élevé pour une photographie tient au fait qu’elle a été prise par le président de la Russie, Dmitri Medvedev.

Tobolsk

– Tobolsk (en russe : Тобольск) est une ville de l’oblast de Tioumen, en Russie, et la capitale historique de la Sibérie. Elle se trouve a la confluence des rivières Tobol et Irtych, à 200 km au nord-est de Tioumen. Sa population était de 99 765 habitants en 2008

– Tobolsk fut fondée par les Cosaques de Yermak en 1585-1586 au cours de la première avancée russe en Sibérie. La ville devint le siège du vice-roi de Sibérie et prospéra grâce au commerce avec la Chine et Boukhara. La première école, le premier théâtre et le premier journal de Sibérie y furent établis.

– En 1761, l’astronome francais Jean Chappe d’Auteroche vint a Tobolsk pour observer le passage de Venus sous le disque du Soleil. Il realisa avec succes cette observation le 6 juin, mais le recit de son voyage, tres critique a l’egard de la Russie, provoqua une reponse de Catherine II en personne.

– Tobolsk fut le siège du gouverneur-général de Sibérie occidentale jusqu’à son transfert à Omsk, vers 1830. A partir de la fin du XIXe siècle, la ville connait un certain déclin, car elle est pénalisée par la construction du chemin de fer Transsibérien, qui passe a une centaine de kilomètres de la ville.

– Après la révolution de février 1917, le tsar Nicolas II et sa famille furent conduits à Tobolsk, ou ils vécurent dans le luxe relatif de l’ancienne maison du gouverneur-général. En avril 1918, alors que le bruit courait que l’armée blanche approchait de la ville, la famille impériale fut transférée à Iekaterinbourg.

– Le musée d’art met l’accent sur le côté culturel et ethnographique de Tobolsk, notamment avec des pièces de sculptures en bois et ramure. Parmi les grandes résidences en pierre se trouvent la maison ancestrale de Dimitri Mendeleiev, l’inventeur de la classification périodique des éléments, et la maison ou vécurent les membres de la dernière famille impériale russe, peu avant qu’ils soient tués à Ekaterinbourg. Un petit musée dédié au tsar Nicolas II se trouve au deuxième étage

– Installé dans l’Hôtel Slavyanskaya, il dispose de succulents plats du 19ème siècle de Russie et est meublée avec des meubles d’époque (copie conforme). Le restaurant a le portrait dernier Tsar  de Russie Nicolas II et sa famille peint au plafond.

– Dmitri Medvedev est venu en visite ici peu de temps après avoir remporté les élections présidentielles en Russie en 2008.

– Il est impressionnant de visiter un cimetière russe. Les tombes sont pour la plupart délimitées dans un carre de terrain où nous trouvons un banc, parfois une table, et même des canettes de bière ou de vodka au pied d’une petite table. En effet, les Russes vont « passer un moment » avec leurs défunts. La végétation florissante ne dérange personne ! Le jardin de Yermak a en son centre le cimetière Zavalinoye la place ou sont enterrés de nombreux décembristes : A.M.Mouraviov,  l’ami de A.S.Pouchkine V.K.Kiukhelbeker. La petite église du cimetièire est remplie d’icônes, certaines très belles, d’autres plus naïves ou abimées.

Exil à Tobolsk

– La maison du gouverneur là où le docteur Evgeni Sergueievitch Botkine et la famille impériale de Russie furent retenus prisonniers entre août 1917 et avril 1918.

– Les membres du gouvernement provisoire de Kerensky donnèrent à choisir aux membres de la suite impériale, soit de partir, soit d’accompagner la famille impériale dans son exil. Le docteur Botkine tenta de faire revenir sur sa décision le chef du gouvernement provisoire. Il préconisa l’exil en Crimée à cause du mauvais état de santé de l’impératrice et du tsarévitch. Dans la nuit du 31 aout au 1er septembre 1917, les prisonniers et leurs compagnons d’exil voyagèrent à bord d’un train qui les amena à Tioumen. Arrivés en gare, une nouvelle fois, les Bolcheviks proposèrent aux différents membres accompagnant la famille impériale de les quitter, le docteur Evgeni Sergueievitch Botkine refusa.

– Le docteur Evgeni Botkine ouvrit un cabinet médical à Tobolsk pour les habitants de cette petite ville de l’Oural. Pendant son exil dans cette petite bourgade de Sibérie, le docteur tempêta pour obtenir une meilleure hygiène de vie pour les prisonniers, une nourriture plus riche, le droit pour les prisonniers à une promenade quotidienne dans le jardin de la maison du gouverneur, un traitement plus humain de la part des gardes. Ayant ses enfants auprès de lui, l’exil à Tobolsk fut relativement supportable pour le docteur.

– A Tobolsk, la vie s’organisa, Nicolas II de Russie et son épouse, leurs compagnons d’exil se partagèrent l’éducation des enfants impériaux. Le docteur Evgeni Sergueievitch Botkine fut chargé de l’enseignement de la langue russe, quant son fils, Gleb Evgenievitch Botkine, il dessina et écrivit des histoires pour les enfants du couple impérial. Le fils du docteur situa l’un de ses récits pendant une révolution et conta l’histoire d’un souverain déchu luttant pour reconquérir son trône.

– En 1917, les Bolcheviks interdirent au docteur Evgeni Sergueievitch Botkine de prendre part à la réunion annuelle des anciens étudiants de l’Académie militaire de médecine de Saint-Pétersbourg. En examinant la photographie prise pour cette occasion, le docteur constata l’absence de trois personnes, deux d’entre elles étaient décédées, la troisième concernée le médecin exilé à Tobolsk. S’adressant a son fils, il lui déclara : « Comme c’est étrange, suis-je déjà mort ? ». En avril 1918, les Bolcheviks annoncèrent aux prisonniers leur départ pour une destination inconnue. Quelques jours auparavant, Aleksei Nikolaievitch de Russie s’était blessé à la jambe au cours d’une partie de luge dans l’escalier de la maison du gouverneur. Alité, il resta sous la surveillance de ses trois soeurs Olga, Tatiana et Anastasia.

Exil à Ekaterinbourg

Le 26 avril 1918, sous la surveillance de Constantin Iakovlev (Konstantin Stoianovitch Miatchine) Nicolas II de Russie, son épouse Aleksandra Fiodorovna, leur fille Maria Nikolaievna de Russie, le valet de chambre du tsar Tchemodourov, la camériste Anna Stepanovna Demidova, le laquais Aleksei Sednev dit Liochka, le prince Vasili Dolgorukov dit Valia et le docteur Evgeni Sergueievitch prirent place sur des télègues (en langue russe : телега – télègue (voiture hippomobile russe). Après un éprouvant voyage de 300 kilomètres dans la boue et la neige fondue, les prisonniers arrivèrent en gare de Tioumen, ils montèrent dans le train en partance pour Ekaterinbourg. Le matin, une jeune fille assistait au départ de son père pour la maison Ipatiev, dans une habitation située près de celle du gouverneur de Tobolsk, Tatiana Evgenieva Botkina, ne reverra plus jamais son père. Remarquant la présence de sa fille, le docteur lui accordera sa bénédiction et l’embrassera. Au cours de son voyage de Tobolsk à Ekaterinbourg, le docteur Evgeni Sergueievitch Botkine souffrit de colique hépatique due aux chocs sur la route qui déclencha le déplacement d’une lithiase vers le canal cholédoque. Au cours de ce voyage, Evgeni Sergueievitch Botkine comme les autres prisonniers fut persuade de leur départ pour Moscou pour enfin gagner l’Angleterre.t Confiant, le médecin de famille adressa une lettre à ses enfants en les assurant que bientôt ils seraient tous réunis en Grande- Bretagne. Cette confiance fut encouragée par Constantin Iakovlev, il leur déclara que le tsar serait traduit devant un tribunal à Moscou et expulsé hors de Russie. Le 29 avril 1918, le train s’arrêta en gare de Tioumen.

Dans une lettre datée du 3 mai 1918, Evgeni Sergueievitch Botkine informait son fils Gleb, de son arrivée dans la Maison Ipatiev à Ekaterinbourg.

Auteur de l’article : ARP